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Le funambule






Des lumières jaunes et rouges éclairent la cathédrale. A la cime, un funambule se pose sur une gargouille et lance un défi à la foule qui en bas le regarde attentivement. Vêtu d’un costume d’or, le jeune homme frêle saute sur une corde raide  dans la nuit étoilée. Un miroir argent joue de ses rayons de diamants sous une lune blanche qui illumine le promeneur du ciel. Aidé d’un ballon vert et d’un long bâton bleu, son corps est en apesanteur, stable, posé sur ses pieds placés l’un devant l’autre et épousant parfaitement une fine cordelette de métal qui doit le conduire de l’autre cote du lac. 

Là… Rassuré par son souffle, le funambule avance maintenant pas à pas. Par une forte inspiration, il s’attarde et ferme les yeux pour sentir l’instant propice qui l’aidera à puiser en lui, une foi sans limite… Ça y est… Son expiration dirige son regard vers le vide infini… Rien ne peut atteindre son rêve d’enfant. Il est déterminé et ira jusqu’au bout. Il s’élance librement en avant, pas à pas sur un fil, entre un ciel menaçant et les gens du port qui l’acclament. Au-dessus de l’écorce de glace, loin des guerres et du monde rouge et noire qu’il appréhendait autrefois.

 

L’enfant de cristal est guidé par un sentiment d’extase… Il scintille de tous ces feux dans la pénombre. Près des oiseaux et des nuages aux reflets incertains, en équilibre sur le fil, le baladin au cœur battant glisse lentement vers son destin… Une brume naissante obscurcit sa vision, et le saisit d’une étrange sensation. Il flotte aisément dans les airs… Le saltimbanque perçoit au-dessous de lui, un corps entraîné vers le bas, brisant la glace et sombrer au fond des eaux… Après les cris impuissants de la foule du port devant le drame, un grand silence prit place et dispersa les badauds.

Une insoutenable tempête emporta l’âme du funambule qui encore endormi, ne comprenait pas tout à fait la réalité dans laquelle il se trouvait. Sans attendre son réveil le vent austère lui demanda : “N’en avais tu pas assez de vivre entre terre et ciel ?”… Surpris, le promeneur du ciel remonta le temps. Il réfléchit et observa le cours de sa vie… Il constata seulement qu’il était allongé sur un haut nuage. Il répondit au vent : “J’ai cherché les acclamations de cette foule… Mais à quoi cela m’a-t-il servi ? La foudre intervint aussitôt pour lui répondre:

“Prend ton temps pour me répondre”. “N’as-tu pas lancé un défi à l’espace, à la terre et à ces gens qui t’admiraient…? “Oui c’est vrai” Dit le baladin, un peu déçu.

“C’est absurde…” Qu’ai-je voulu me prouver!? Je pensais maîtriser quelques autres compétences…” “Ne t’obsède pas sur ce que tu nomes tes compétences… Lui soufflèrent les éclairs…

“Ton regard était nourri d’un songe d’enfant prêt à tout risquer… Tu n’as suivi qu’un rêve nourri de tes croyances… Les gens du port ont reconnu tes efforts et le défi que tu leur as envoyé… "Le saltimbanque dubitatif répliqua après réflexion :

“Ma réalité ne repose donc que sur un défi ?”“Ta réalité n’est peut-être qu’un jeu virtuel pour t’interroger sur les fondements de tes convictions et de ta foi…” Lui envoya le maître des étoiles. Le funambule sentit l’attention portée a son âme et, intéressé lui livra:

“Mais en bas je n’ai pas rencontré de main tendu, ni su moi-même partager des mots de couleurs ! Quant au ciel, à qui je me suis adressé… Il ne m’a jamais fait voler"…

"Où est donc mon enseignement?” “C’est moi qui est soufflé sur ton fil” Avoua le Cœur de l’univers… “ "Comment tiens-tu sur ce nuage qui semble te porter?"

"Le seul obstacle à surmonter, c’était toi-même! Tu as permis aux pensées et au découragement de s’emparer de ton âme! Quand regarderas-tu enfin ce que la vie t’offre à chaque instant ? Ne vois-tu pas l’aurore peint de tes pinceaux de couleurs?"

Éveilles-toi et viens avec moi !

                                                                                                                               Jamaël

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